Quand on étudie l’hypnothérapie, on étudie l’hypnose d’une part et la thérapie d’autre part.
Nous pouvons d’ailleurs remplacer ce dernier mot très connoté par « changement ». Quand on étudie l’hypnothérapie, on étudie donc l’hypnose et les mécanismes de changement.
Ce que j’explique à mes stagiaires lors de mes formations, c’est que l’un est souvent indépendant de l’autre. Autrement dit, lors d’une séance d’hypnothérapie, l’hypnose n’est bien souvent pas la cause du changement obtenu.
Apprendre à faire de l’hypnose demande quelques jours. Le faire bien, quelques jours de plus, et maîtriser cette pratique, plusieurs semaines d’entraînement.
Ce que fait Messmer sur scène est techniquement extrêmement simple et ne demande pas beaucoup de connaissances hypnotiques. En revanche apprendre à provoquer le changement est une autre affaire. Cela demande des connaissances en hypnose mais aussi en communication, en psychologie sociale, en psychologie cognitive et nécessite une bonne compréhension des mécanismes d’influence et de manipulation. Oui j’ai bien dit manipulation, mais je ne développerai pas la question ici et vous trouverez un autre article à ce sujet sur ce blog.
Ce que je suis en train de dire c’est qu’étudier l’hypnose, c’est étudier beaucoup plus que l’hypnose et qu’un-e bon-ne praticien-ne maîtrise beaucoup plus que le fait d’accompagner quelqu’un en transe (état hypnotique).
Nous avons dans notre boîte à outils d’hypnothérapeutes différents outils qui pour certains sont efficaces indépendamment de l’état hypnotique, à commencer par la suggestion qui est au cœur de cette pratique (et l’ingrédient numéro un de tout changement obtenu en thérapie).
Cette affirmation n’est pas de moi et ne date pas d’hier, elle a été énoncée par un des plus grands psychothérapeutes français du début du 20e siècle, Hyppolite Bernheim. Le plus important n’est pas l’hypnose mais la suggestion. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il inventera le mot psychothérapie pour désigner le soin de l’esprit par la suggestion.
Donc est-ce que l’hypnothérapie est efficace ? Oui indiscutablement à trois conditions.
La première est de bien maîtriser l’art de la suggestion (c’est une notion tellement complexe que le mot « art » n’est vraiment pas excessif) et d’avoir bien conscience de ses mécanismes dans notre travail.
La deuxième condition est d’avoir suivi une formation sérieuse qui présentera à ses stagiaires des outils d’orientation cognitiviste ou comportementaliste – entre autres – qui eux ont fait leurs preuves sur le banc des essais cliniques et qui font partie intégrante de la pratique de l’hypnothérapie.
Et la troisième condition est d’établir une bonne collaboration avec la personne venue nous consulter.
Une séance d’hypnose ce n’est pas l’action d’une personne sur une autre c’est une co-construction qui s’élabore a deux. Un client, qui est expert de lui même, et un praticien, expert de l’hypnose et des mécanismes de changement.
Alors l’hypnose dans tout ça ? Eh bien l’hypnose ajoute une dimension supplémentaire à nos accompagnements. Elle enveloppe tous nos outils, les soutient et les renforce. Mais elle permet également de mettre en œuvres certains phénomènes bien utiles dans de nombreuses situations. Comme le dit Milton Erickson lui même, « l’hypnose en soi ne fait rien » mais elle permet de développer des compétences qui participent à créer le changement.